Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes :
“Les violences au sein du couple sont la manifestation d’un rapport de domination que l’auteur instaure sur la victime et qui se traduit par des agressions physiques, sexuelles, psychologiques, verbales, économiques et des cyberviolences. Ces agressions sont récurrentes, souvent cumulatives. Elles s’intensifient avec le temps, pouvant aller jusqu’au féminicide. Les violences au sein du couple diffèrent des disputes ou conflits conjugaux dans lesquels deux points de vue s’opposent dans un rapport d’égalité. Les violences peuvent exister quelle que soit la configuration conjugale (couples cohabitants ou non, mariés ou non, petits-amis et petites-amies, relations épisodiques, etc.) pendant la relation, au moment de la rupture ou après la fin de cette relation.”
Les dernières études sur les violences conjugales, en France, posent un constat, très préoccupant, et rapportent, en autres, plus de 244 000 victimes en 2022, soit une hausse de 15%…
Le ministère de l’intérieur a publié, le 16 novembre 2023, les chiffres des violences conjugales enregistrées par les services de sécurité en 2022. Les 244 301 victimes sont en grande majorité des femmes. Comme chaque année, il s’agit principalement de violences physiques, causées par des hommes. Les victimes masculines de violences conjugales ne sont pas minimisées, bien que les chiffres soient inférieurs à ceux des victimes féminines, il semble, encore, à ce jour, difficile d’en évaluer l’ampleur, ce n’est pas pour autant un phénomène anodin.
C’est le constat du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), dans une étude sur les crimes et délits commis par une personne étant, ou ayant été, le partenaire de la victime dans le cadre d’une union libre, d’un Pacs ou d’un mariage.
Si les violences sexuelles conjugales sont “les moins fréquemment enregistrées“, elles constituent la plus forte augmentation en 2022 (+21%), souligne l’étude. Les violences physiques sans incapacité totale de travail (ITT) augmentent beaucoup plus que les violences “aux conséquences physiques plus graves, ayant entrainé une ITT“. Quant aux violences verbales ou psychologiques, les statistiques montrent une progression de 11% avec une hausse nettement plus forte du harcèlement moral (15%)
Le ministre de la justice a annoncé, le 22 mai 2023, de nouvelles mesures contre les violences conjugales, qui ont permis la mise en place, notamment :
– des téléphones “grave danger” (TGD) : + 45,7% (2 400 appels TGD recensés par les services de police) ;
– du bracelet anti-rapprochement : plus de 1 000 dispositifs actifs et 3 634 interventions de forces de sécurité déclenchées en 2022 (1 046 en 2021) ;
– des ordonnances de protection délivrées par les juges aux affaires familiales pour interdire en urgence tout contact entre le conjoint violent et les victimes (+ 157%) ;
– des procédures rapides sur déferrement après garde à vue (+ 182% depuis 2017).
Depuis, le 1er décembre 2023, les victimes de violences conjugales peuvent bénéficier d’une aide financière leur permettant de quitter rapidement leur foyer, de se mettre à l’abri et de faire face aux dépenses immédiates.
Puis, mai 2023, des pôles spécialisés en matière de violences intrafamiliales sont effectifs dans tous les tribunaux judiciaires et cours d’appel depuis le 1er janvier 2024. Les objectifs : mieux détecter les violences intrafamiliales, mieux prendre en charge les victimes et mieux les protéger.
Sur la Haute-Vienne, l’Etat décline sa politique publique nationale via un plan stratégique en 3 axes :
➢ Consolider les dispositifs d’accueil, d’accompagnement et de prise en charge global des victimes de violences (repérage, accueil, mise à l’abri, hébergement, protection, prise en charge médicale) ;
➢ Répondre à la diversité des situations, des territoires et des formes de violences (renforcer l’accès aux droits en milieu rural, développer des réponses de proximité) ;
➢ Prévenir les violences et améliorer la connaissance du phénomène (formation des professionnels, prévention des comportements sexistes auprès des jeunes, sensibilisation et formation auprès du public, amélioration de la connaissance des violences intrafamiliales en Haute-Vienne)
Mais aussi, en mettant en évidence l’importance de prendre en charge les auteurs de violences conjugales, sexistes et sexuelles, déployant en autres :
=> Des Centres de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales (CPCA) ont vu le jour à l’issue du Grenelle de lutte contre les violences conjugales, fin 2019. Il en existe une trentaine en France.
En local, à Limoges, l’ARSL (Association de Réinsertion Sociale du Limousin) porte le CPCA Nord Nouvelle-Aquitaine = Centres de Prise en Charge des Auteurs de violences conjugales, qui couvre 6 départements.
En 2023,1 068 personnes ont été accueillies au total, dont 285 pour la seule antenne limougeaude.
L’objectif du CPCA Nord Nouvelle Aquitaine est, également, de valoriser les pratiques de chacune de des associations et de les enrichir, pour qu’elles profitent aux autres. C’est aussi coordonner tout un réseau d’acteurs du milieu social, judiciaire, soignant qui doit communiquer et s’entendre pour des résultats concrets, rapides et efficaces. Les échanges et retours d’expériences doivent être réguliers. La mise en œuvre de ce CPCA, début 2021, s’est faite en étroite collaboration avec la Direction Régionale du Droit des Femmes et de l’Égalité.
Mais, l’engagement local dans la lutte contre les violences conjugales et les inégalités entre les femmes et les hommes, n’est pas récente. En 1976, Lucienne Carmouze, fonde le “Centre d’Information Féminin” du Limousin (CIF), afin de favoriser l’autonomie sociale, professionnelle et personnelles des femmes et de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, le CIF devient finalement le CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) du Limousin, qui est membre du réseau de lutte contre les violences faites aux femmes mis en place sur chaque département de Corrèze, Creuse et Haute Vienne. Le CIDFF exerce une mission d’intérêt général dans le cadre d’un agrément triennal délivré par l’Etat. Il propose une information gratuite sur les droits dans les domaines juridique, professionnel, économique, social et familial. Il travaille en étroite coopération avec les différents intervenants spécialisés (référents violences, centres d’hébergement, accueil de jour, associations d’aide aux victimes, travailleurs sociaux, services de santé, de police et gendarmerie, justice…).
Sans oublier les autres acteurs locaux, les associations d’aide aux victimes du réseau France Victimes : ARAVIC (19) ; ARAVIC (23) et France victimes (87-AVIMED), le planning familial, l’unité de victimologie du CH Esquirol…
La Stratégie nationale de lutte contre les violences conjugales vise à :
Prévenir : il s’agit d’éradiquer dès le plus jeune âge ces stéréotypes sexistes qui contribuent à la reproduction de ces violences, et abaisser le seuil de leur tolérance dans la société.
Protéger : il s’agit de garantir le plus haut degré de protection aux victimes et à leurs enfants.
Punir : il s’agit d’en finir avec l’impunité, tout en prévenant la récidive.
Lutter contre les violences faites aux femmes implique de remettre en question stéréotypes et rapports de domination tant au niveau individuel que collectif car ils engendrent et légitiment ces violences. Il faut donc dépasser la dimension individuelle d’un homme auteur de violence, responsable de ses actes et d’une femme victime.
Parce que l’égalité femmes-hommes n’est toujours pas atteinte, parce que les droits des femmes restent précaires voire menacés….la lutte continue !
Pour faire le point sur votre situation et savoir si votre relation est saine, s’il y a de la violence ou si vous êtes en danger, consulter le violentomètre, outil co-construit par la Ville de Paris, le Conseil Département de Seine Saint Denis, la Région Ile de France, l’association En avant Toutes et le Centre Hubertine Auclert.
Sources : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/auteurs-de-violences-conjugales-limoges-prend-la-coordination-nationale-des-30-centres-d-accompagnement-en-france-2341363.html; https://arretonslesviolences.gouv.fr/l-etat-vous-protege/politique-de-lutte-contre-les-violences-faites-au-femmes#les_actions_principales_de_letat0; https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2024_sur_l_etat_du_sexisme_en_france.pdf; https://www.vie-publique.fr/en-bref/289491-violences-conjugales-quelles-nouvelles-mesures-pour-les-victimes; https://www.planning-familial.org/fr/violences-103; https://limousin.cidff.info/; https://actes.limoges.fr/.
Article collaboratif proposé et écrit par :
Marie Bossavy-Lapuelle, sexothérapeute, thérapeute de couple et éducatrice spécialisée – Membre active du réseau ESPACE KAIROS
Un autre regard sur…
“Handicap & Diversité”
LES VIOLENCES FAITES AUX PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP (ADULTES)
Les violences concernent tous les âges, tous les milieux. Il n’existe pas de portrait type de la victime ni de l’agresseur.
Constat : Les personnes en situation de handicap sont davantage victimes de violence et particulièrement les femmes.
La situation de handicap accroît le risque de violences.
- En Europe, 4 femmes en situation de handicap sur 5 subissent des violences et/ou maltraitances de tout type.
- 35 % des femmes en situation de handicap subissent des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19% des femmes dites valides.
- Près de 90% des femmes avec un trouble du spectre de l’autisme déclarent avoir subi des violences sexuelles, dont 47% avant 14 ans.
- 27% des femmes sourdes ou malentendantes déclarent avoir subi des violences au cours de leur vie.
- Peu d’études sur les violences faites aux hommes en situation de handicap.
POINTS DE VIGILANCE
-Les violences sont sévèrement punies par la loi (comme leur non-dénonciation) et le handicap de la victime est une circonstance aggravante.
–Les symptômes post-traumatiques qui résultent des violences sont souvent mis à tort sur le compte du handicap.
-Il faut lutter contre les stéréotypes liés au handicap (parole moins crédible, pas de vie en couple….).
-Les conséquences de ces violences peuvent accentuer le handicap initial intensifiant encore la vulnérabilité.
-Certaines situations de dépendance peuvent constituer un frein à la libération de la parole car dénoncer = prendre le risque pour la personne victime de perdre l’aide au quotidien et de se retrouver dans une situation de vulnérabilité encore plus grande.
Le guide pratique « les violences faites aux femmes en femmes en situation de handicap : Repérer les violences, accompagner, prendre en charge, orienter la victime » a pour objet d’identifier les situations et difficultés spécifiques liées à la situation de handicap.
=> https://arretonslesviolences.gouv.fr/
Sources : https://handiconnect.fr/fiches-conseils/les-violences-faites-aux-personnes-en-situation-de-handicap-adultes-focus-sur-les-violences-conjugales-et-violences-sexuelles; https://arretonslesviolences.gouv.fr/.